Histoire de filiation et de rupture

Colloque du PCF, Mai 2008, 40 ans de Mai 68.

Le MLF héritier rebelle du mouvement de Mai 68, de la même façon que gauchisme héritier rebelle du Parti communiste.

-Le cadre d’analyse est celui du marxisme (le moyen de penser les inégalités sociales), permettait aussi de comprendre pourquoi si longtemps après avoir obtenu l’égalité des droits (ou presque), les femmes restaient subordonnées dans la famille dans la société. .  Engels avait bien dit « dans la famille l’homme est le bourgeois, la femme joue le rôle du prolétariat »,

-Mais concrètement revendications des femmes considérées comme secondaires.  Ne propose à la « femme prolétaire du prolétaire » que de se fondre dans la lutte des prolétaires et d’attendre sa libération des lendemains enchantés.

-Mai 68 a été une immense exigence de prendre la parole, refus que notre parole soit confisquée par d’autres.

-Femmes revendiquent leur autonomie. Rupture : la non mixité pose l’exigence que c’est aux opprimés eux-mêmes de théoriser leur oppression et de choisir les moyens de la lutte.

-Critique du gauchisme qui reproduit ce qu’il dénonce (hiérarchie, div sexuelle du travail militant, supériorité des théoriciens sur ceux/celles qui connaissent l’oppression parce qu’ils la vivent).

-Le MLF y oppose l’importance de l’expérience vécue, la nécessité d’être soi-même l’objet de sa propre lutte.

-une nouvelle façon de militer, non plus au service des autres (le prolétariat, les peuples opprimés). A partir de soi. On ne peut libérer un autre, il faut qu’il/elle se libère. La libération n’est plus un projet, un objectif, mais un processus en œuvre.

-Donc cela remet en question les moyens classiques de la révolution : le programme, le dogme, le parti, les avant-gardes.

-Déconstruction du schéma révolutionnaire, c’est aussi le refus d’une division absolue entre les femmes selon une ligne de classe, où les femmes seraient bourgeoises ou prolétaires, définies par cette seule appartenance et ne pourraient avoir d’intérêts communs.

-Le féminisme, celui des années 1970, comme celui de la première vague, pose qu’il existe des intérêts communs entre les femmes, par-dessus l’opposition des classes. Et du coup relativise cette opposition entre les classes. Pose qu’il n’y a pas un seul groupe porteur de la révolution, mais des groupes sociaux, et que chacun a à définir leurs enjeux et leurs moyens de lutte. Apporte une vision de la société plus complexe.

 

On a dit que par cette critique, le féminisme était responsable de la crise du gauchisme. C’est lui faire porter une responsabilité beaucoup trop lourde.  Certes la critique a été rude, et la résistance aussi (je pense à la manifestation du 1° mai 76 où le service d’ordre de la CGT a attaqué les féministes dont il n’appréciait pas l’humour ; et surtout les mots d’ordre sur le viol). Mais les causes historiques de la crise de l’utopie révolutionnaire à la fin des années 70 sont beaucoup plus larges. A la fois économiques, géopolitiques …

D’ailleurs le MLF a été touché à son tour par cette crise historique, dont il s’était cru protégé par le fait qu’il avait pris le contre-pied de ce qu’il dénonçait.

-Et maintenant ?