Un féminisme hexagonal

Article publié dans Raison présente, no 100, 1991

Au palmarès de ces vingt dernières années, il y a incontestablement le Mouvement de Libération des femmes, aussi étonnant par son surgissement au début des années 70 que par son reflux dans les années 80.
Toutes les sociétés occidentales ont vu se développer un mouvement féministe dans les années 60 et 70. C’était le temps où la génération du baby-boom arrivait à l’âge de l’Université ; les filles, plus nombreuses, avaient leurs propres raisons de mettre en question des structures sclérosées et des normes traditionnelles qui pesaient tout particulièrement sur elles. La précédente vague féministe avait conquis l’égalité des droits, l’accès à l’éducation et aux professions ; celle-ci pouvait s’appuyer sur ces acquis d’autant plus qu’elle en mesurait les limites. Pour mépriser l’égalité formelle, encore faut-il qu’elle soit reconnue.

Le MLF a pris sa place dans cet ensemble, avec des particularités liées à nos traditions nationales. Son goût pour le spectaculaire et l’emphatique, la radicalité de ses exigences, sa phobie du réformisme et du compromis, son incapacité à négocier évoquent en effet cette exceptionalité de la vie politique française, dont on dit qu’elle est en train de disparaître .[1].

Le féminisme ne devient un mouvement social, que dans certaines conditions. Souvent parce que les rapports sociaux dans leur ensemble sont déstabilisés et qu’un changement fondamental apparaît possible. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que les  mouvements féministes naissent généralement dans le sillage d’autres mobilisations collectives ; rien d’étonnant à ce que leur histoire ait été en France particulièrement heurtée, comme celle du mouvement social. Il n’y a rien d’étonnant non plus à ce que le problème des femmes ait été posé chaque fois dans les termes du moment. Le féminisme américain, né dans le combat abolitionniste, se cherchait aussi dans les visions millénaristes .[2]. Le féminisme français, lui, s’est inscrit dans les exigences  de 1789 et du droit naturel avant de se situer par rapport au schéma marxiste. Il a chaque fois poussé jusqu’au bout cette logique là. Olympe de Gouge et la déclaration des droits de la femme, les Saint‑simoniennes et leur quête de la femme libre, Flora Tristan et l’union ouvrière, Hubertine Auclerc au Congrès ouvrier socialiste de 1879, ou Hélène Brion et la Voie féministe… [3].

De Mai 68 au Mouvement de libération des femmes.

C’est en 1970, dans la foulée de Mai 68,  que le Mouvement de Libération des femmes fait ses premières apparitions publiques :  meeting orageux à l’université de Vincennes en Mai, dépôt d’une gerbe à la femme -plus inconnue que lui- du soldat, le 26 août, manifestation devant la prison de la Petite Roquette en octobre, intervention aux Etats généraux de la femme de Elle en novembre. C’est en 1970 aussi qu’ont été publiés les textes fondateurs du nouveau féminisme : notamment dans Partisans « Libération des femmes année zéro ».[4].

Du Mai français, le MLF a adopté le style : spectaculaire et provocateur. Il a  pratiqué avec un certain bonheur l’humour corrosif et le mauvais goût, l’insolence et la dérision pour  faire émerger la réalité patriarcale, camouflée sous le principe de l’égalité des sexes dans la différence. Il a compensé son faible nombre par la force du symbole et la détermination : Il suffit d’être 9 à l’Arc de Triomphe, pour faire de cette transgression suprême un événement, il suffit de s’enchaîner à 40 devant la prison de la petite Roquette… si l’on parvient à déplacer d’importantes forces de police et à les narguer pour offrir aux médias de belles images. Car, grâce aux petits écrans la mise en scène de la violence est devenue plus efficace que la violence réelle, et tellement plus appropriée au rapport de forces !

 

Le Mouvement des femmes se voulait partie prenante du combat commun  pour changer la vie et la société, avec une place de choix dans ce projet messianique ; puisque l’oppression des femmes, disait-il, est la matrice de toutes les autres. On ne change pas la vie par en haut ; c’est à chacun, à chacune de se libérer. Les formes traditionnelles de la politique, la « délégation de pouvoir » sont donc inadéquates. La démocratie ne saurait être que directe, spontanée, absolue. Cette critique de la démocratie représentative, le MLF l’a reprise du gauchisme, mais il l’a prolongée et l’a retournée contre le gauchisme lui-même. Il a dénoncé la « division sexuelle du travail militant » (aux hommes le micro, aux filles la ronéo) et les rapports de pouvoir dans les organisations d’extrême gauche. La théorie de « l’avant-garde », disait-il, justifie la domination du militant, qui connaît théoriquement l’oppression, sur le « milité », qui la vit. Pour le MLF, il n’y a pas d’autre savoir que celui de l’expérience, du vécu : vécu de l’oppression et vécu de la libération. Dès lors, aucune hiérarchie ne peut être justifiée ; aucune organisation non plus qui freinerait la spontanéité créatrice. Chacune ne peut décider que pour elle-même. Mais la suprême transgression qui a fondé le MLF, se nomme « non-mixité ». Les Américaines avaient commencé, dans les années soixante. Suivant l’exemple du Black Power, elles avaient matérialisé leur conflit avec leurs camarades de la Nouvelle gauche, par la séparation.  Les Françaises, elles, ont eu l’occasion de mesurer l’importance de l’enjeu face à ceux qui voulaient leur interdire de se réunir entre elles. C’était aux « opprimées » de définir ce qu’elles voulaient et comment ; pas question de se laisser dicter leurs conduites au nom d’un projet révolutionnaire où elles n’avaient pas leur mot à dire. « Mal baisées », crièrent alors les militants, ou encore : « le pouvoir est au bout du phallus ». Voici donc la raison de l’interdit ! Ce serait donc celle de la non-mixité !

Ce qu’elles ont découvert dans cet « entre femmes » en valait bien la peine : une parole plus facile, un sentiment d’égalité entre toutes, et cette émerveillement des émotions partagées. La rivalité entre femmes disparaissait dans la recherche d’une identité commune. Les problèmes personnels apparaissaient comme des enjeux collectifs, dans le projet de changer ensemble la réalité plutôt que de s’y soumettre, chacune.

 Notre corps nous appartient

En avril 71, 343 femmes, dont certaines célèbres, ont signé dans le Nouvel Observateur  un Manifeste « j’ai avorté » .[5]. L’avortement sortait de la clandestinité, et  l’Etat était mis au défi d’appliquer ou d’abolir une législation aussi anachronique qu’hypocrite. Ce fut le coup d’envoi d’un mouvement d’une rare ampleur. Le MLF avait mis le doigt sur la vraie question du moment. La maîtrise de la fécondité était à l’ordre du jour. Elle était nécessaire pour les femmes, pour l’économie, pour la société, elle était rendue possible par les progrès de la médecine ; mais dans la France pompidolienne elle devrait être conquise de haute lutte.

En 1973, 331 médecins, sur le modèle du Manifeste des 343,  déclarèrent avoir pratiqué des avortements ; le MLAC (Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception) commença à organiser des voyages collectifs et de plus en plus publics vers la Hollande, l’Angleterre, puis introduisit en France la méthode Karman et pratiqua des avortements au grand jour. La loi de 1920, ostensiblement transgressée, tournée en dérision devait être changée ; quelque soit l’hostilité de la France traditionnelle : l’Eglise catholique, « Laissez les vivre », le Conseil de l’Ordre des médecins, la majorité parlementaire et son électorat.

Le Président Giscard d’Estaing, nouvellement élu, voulait que son septennat soit celui du droit des femmes, il avait nommé quatre femmes dans son gouvernement, (un record !), il avait instauré un « Secrétariat d’Etat à la condition féminine »…  La question des femmes, telle qu’elle était posée par le MLF, c’est à dire dans sa globalité non découpable en petites réformes, était devenue un problème politique difficile à oublier en période électorale.

La façon dont le MLF avait mené le combat : avec le seul mot d’ordre, non négociable de « Libre-disposition de son corps » donnait à celui-ci une dimension existentielle. Tout pouvait être mis en question, du rôle maternel à la sexualité. La question n’était plus celle de la « condition féminine », mais bien celle de l’identité. Les femmes ne voulaient plus se conformer à un modèle qu’on prétendait être leur nature. Elles ne voulaient plus être enfermées dans un destin relatif : mariage, maternité, foyer. Elles étaient à la recherche d’elles-mêmes, hors des rôles prescrits et des définitions imposées, mais aussi hors des schémas et des rôles masculins. C’était cela l’utopie du MLF, cette volonté de s’extraire des situations bloquées, des « alternatives pourries », de rejeter les contraintes d’une réalité provisoire, de refuser les choix mutilants et de changer la vie plutôt que de s’y adapter.

La fin de l’utopie

Au milieu de la décennie, le MLF avait gagné. La loi Veil était votée, l’ONU célébrait « l’année internationale de la femme », les thèmes, les mots d’ordre, les analyses féministes étaient repris dans la presse, dans l’ensemble de la société. Le Mouvement ne cessait de se développer, rien ne semblait lui résister. Il avait grignoté le gauchisme, le syndicalisme, il s’était imposé à l’Etat ; il gagnait les partis de gauche. L’ampleur du succès le renforçait dans sa conviction d’avoir choisi la bonne stratégie. Refuser tout compromis, toute négociation permet de rester ferme sur ses positions et de dénoncer la « récupération », c’est à dire le détournement des luttes vers d’autres objectifs, d’autres intérêts.

Mais ce qui est efficace dans un certain contexte peut aussi dans une autre situation se retourner. La société se raidissait, cessait d’être ouverte au changement, et réceptive aux thèmes contestataires. A défaut d’un rapport de forces favorable, la stratégie de récupération interdit de contrôler le processus impulsé. C’est ainsi que le MLF a assisté, impuissant, au détournement de sa campagne contre le viol en discours sécuritaire. La législation répressive a été mise à jour, mais la parole des femmes n’a pas été entendue.

Né de 68, le MLF a été incapable de s’adapter à un climat social obscurci, transformé par la crise. Il continuait à vouloir « Tout » ou rien, dans une situation où peut-être il aurait été bon de faire en sorte qu’il reste quelque chose. Paralysé par sa crainte du réformisme, le MLF (dans sa majorité) s’est interdit d’avoir prise sur des enjeux, moins radicaux mais bien réels dans la vie quotidienne des femmes, sur des améliorations progressives, il n’a pas construit de points d’appuis en vue d’une prochaine étape.[6].

Dans ce contexte là, les contradictions deviennent des déchirures, les débats se figent en jeux d’oppositions stériles et destructrices. Le Mouvement s’est trouvé pris au piège de ces principes qui avaient fait sa créativité et sa richesse.

Le MLF avait inventé une autre façon de faire de la politique, à partir de soi, où chacune ne parle qu’en son propre nom, où personne ne représente personne, où personne ne contrôle personne. Il avait voulu inventer entre femmes des rapports radicalement nouveaux fondés sur la confiance, la spontanéité, la libre expression. Persuadé que les rapports de domination étaient liés aux formes masculines d’organisation , que tout le mal était du coté … des Mâles, il avait développé des valeurs égalitaires.  Un monde sans pouvoir, sans violence, sans domination serait, espérait-il, subversif par sa seule existence ; ce serait la menace la plus radicale contre tous les pouvoirs. Mettre en doute ce credo, c’était ramener le Mouvement en deçà de ce principe fondateur. Les « nouvelles » qui voulaient « organiser le MLF » étaient soupçonnées de vouloir le noyauter. Tous les mécanismes classiques de contrôle et de protection démocratique avaient été rejetés, avec la légalité « bourgeoise et patriarcale ». Mais quand un des groupes du MLF a déposé à la Préfecture de Police une association « Mouvement de Libération des femmes- MLF », (puis une marque à l’institut de la propriété industrielle et commerciale) le Mouvement s’est trouvé démuni, ligoté par des principes inadaptés.  Désormais le MLF appartenait légalement à ce groupe qui pouvait interdire à tout autre de s’en réclamer et attaquer pour concurrence déloyale celles qui dénonçaient publiquement cette imposture. [7].

La démystification était brutale mais il était trop tard pour revenir sur ces principes qui avaient fait la vigueur du Mouvement ; parce que l’énergie initiale était épuisée et qu’aucune autre n’était venue la renouveler. Le Mouvement de Libération des femmes était bien celui d’une génération : celle de Mai 68, de l’espoir révolutionnaire, de la société de consommation et de sa contestation, de la découverte du Goulag et de la crise du marxisme. Une génération qui aura marqué l’histoire de sa nouveauté, mais qui est restée désemparée quand celle-ci a cessé d’avancer.

 

Et maintenant ?

L’histoire du féminisme, en France tout particulièrement, est une succession de jaillissements inattendus et de reflux incompréhensibles. Chaque vague apporte sa moisson ; bien moins que l’objectif poursuivi mais tellement plus que « l’évolution naturelle ». L’idéal révolutionnaire se révèle d’une rare efficacité pour produire des réformes. Mais celles-ci s’accompagnent de sentiments de frustration et de rejets.

La situation des femmes a bien changé en vingt ans. Les dernières séquelles patriarcales héritées du Code Napoléon ont disparu et la loi a été adaptée à l’évolution des mœurs et des modes de vie .[8].  De nouveaux modèles familiaux et sexuels se sont développés, qui correspondent mieux aux réalités sociales actuelles, à l’élévation du niveau scolaire et culturel des filles, à l’expansion du travail des femmes .[9].

Le Mouvement des femmes a essaimé dans la société. Des groupes, des associations en sont issus qui restent mobilisés sur une question ou sur une autre. Groupes militants, de plus en plus marginalisés dans une société individualiste, et d’autant plus nécessaires : Centres d’accueil pour femmes battues, Collectif contre le viol ou l’inceste, Groupes de solidarité internationale Et puis  Groupes de recherche, qui s’appuient sur la réflexion du féminisme et la prolongent dans le champ de la connaissance. [10].

Mais le mouvement social qui avait pris son essor dans l’après Mai 68, et s’était développé bien après la disparition du gauchisme, celui-là est terminé. Non point que sa tâche soit achevée, mais plutôt parce que certaines conditions ne sont plus réunies. Il n’y a pas de place pour un mouvement de femmes au temps du pessimisme, de la crise des idéologies, du soi-disant réalisme, et du sauve-qui-peut individuel.  Les minorités actives n’ont d’impact que pour autant qu’elles donnent forme aux aspirations du plus grand nombre, pour autant aussi que le contexte social n’invalide pas les changements qu’elles annoncent.

Beaucoup considèrent que le féminisme a joué son rôle, et que celui-ci est désormais terminé ; que passé le temps des grandes luttes pour un meilleur partage du monde vient celui de retrouver des rapports positifs avec les hommes.

Cette idéologie « post-féministe » se déploie dans la presse des années 80, tandis que le féminisme, passé de mode, est accusé de mettre en péril les rapports entre les sexes.

 

Et pourtant !

Qui, sinon un mouvement des femmes peut jouer ce nécessaire rôle d’aiguillon pour attirer l’attention sur ces situations intolérables faites à certaines femmes, même dans nos sociétés « civilisées » ? Qui soulèvera le problème des femmes battues, de l’inceste, du chantage sexuel ? Qui soulignera que le chômage, la précarité de l’emploi, et les contraintes dans le travail, l’absence de qualification et de promotion sont majoritairement l’apanage des femmes, ouvrières ou employées ? Qui précisera que le « progrès », si souvent mis en avant ne concerne qu’une minorité de femmes, celles qui disposent des moyens économiques et culturels de l’autonomie ?

Les institutions, nationales et internationales ont repris à leur compte la lutte contre les discriminations, notamment professionnelles ; mais avec un succès limité… comme leur façon de poser le problème. Tant que les femmes supporteront l’essentiel des tâches domestiques et familiales, elles resteront gravement handicapées dans la compétition économique et plus encore dans la vie sociale et politique. L’étude des budgets temps montre qu’en dépit des nouveaux modèles égalitaires, les choses n’ont pas beaucoup changé.

 

Elles ne changeront pas d’elles-mêmes.

Faut-il accepter cette situation par crainte de mettre en question l’équilibre retrouvé dans les relations entre les sexes ? Faut-il acquiescer au discours « post-féministe » ?

Les féministes étrangères sont souvent choquées de la passivité des Françaises, qui n’osent pas leur semble-t-il défendre leurs intérêts communs, de peur de perdre leur emprise sur les hommes, leur pouvoir de séduction.

L’expérience du mouvement des femmes des années 70 a-t-elle donc de quoi effrayer ?

Sans doute la non-mixité, la réunion des femmes entre elles, sans et contre les hommes était-elle plus provocatrice en France que dans d’autres pays qui ont une tradition de socialité féminine, affective, ou de lobbying. En France elle portait atteinte à la représentation de la vie en société. Non point que les femmes y soient plus qu’ailleurs prises en considération, loin de là ; mais elles y sont plus souvent présentes à titre de public ou de faire-valoir.

Les relations entre les sexes y sont particulièrement  valorisées. [11]. Cette particularité complique sans doute le féminisme, mais lui confère aussi un enjeu supplémentaire : changer la vie c’est aussi changer les rapports amoureux.

 

« Le personnel est aussi politique ! », disait le MLF. Le slogan venait d’Amérique .[12]., mais en traversant l’Atlantique il avait pris cette coloration particulière de la politique en France. Plus valorisée, plus dramatisée qu’ailleurs, elle est moins capable d’évolution sans heurts et de progrès linéaire.

La crise dans les relations entre les sexes obéissait aux mêmes règles. Elle mimait la rupture et en prenait le risque. Mais c’est ainsi qu’a été trouvée une nouvelle définition du partage, un meilleur équilibre dans les relations de couple.


Notes

[1]. Michel Winock  souligne la « normalisation des moeurs politique » (La Fièvre hexagonale, les grandes crises politiques 1871-1968, Calmann-Lévy, 1985) ; François Furet, Jacques Julliard et Pierre Rosanvallon parlent de  » La fin de l’exception française » (La République du Centre, Calmann-Lévy, 1988)

.[2]. Cette particularité que notait Sheila Robowtham,( Féminisme et révolution, Pte Bib Payot, 1973, p.26) se retrouve dans les années 70. Cf Judith Ezekiel, « Gauchistes, théologiennes et majorettes : itinéraires féministes à Dayton, Ohio (U.S.A) », Crises de la société, féminisme et Changement, Revue d’n facen Editions Tierce, 1991.

[3].  Ce ne sont là que quelques exemples, on pourrait en citer bien d’autres. On peut trouver ces documents à la bibliothèque Marguerite Durand, (73 rue Nationale Paris 13), ou des extraits dans  Le Grief des femmes, anthologie de textes féministes du Moyen Age à 1848, et du second empire à nos jours, réunis par Maïté Albistur et Daniel Armogathe, aux éditions Hier et demain (1978, 2 tomes). Hélène Brion, La Voie féministe, les partis d’avant-guerre et le féminisme… a été rééditée :  Préface, notes, commentaires d’Huguette Bouchardeau, Ed. Syros, « Mémoire des femmes », 1978…

[4].Partisans,  « Libération des femmes année 0 », juillet octobre 1970.

[5]. « Un million de femmes se font avorter chaque année en France. Elles le font dans des conditions dangereuses en raison de la clandestinité à laquelle elles sont condamnées, alors que cette opération pratiquée sous contrôle médical est des plus simples. On fait le silence sur ces millions de femmes. Je déclare que je suis l’une d’elles. (je réclame le libre accès aux moyens anticonceptionnels et la liberté de l’avortement), Le Nouvel Observateur, 5 avril 1971.

[6]. Dans d’autres pays, les mouvements féministes ont souvent créé  des institutions ou des contre-pouvoirs., des bases d’appui pour maintenir la pression et la relancer. Rien de tel, ou presque en France. Le MLF s’est interdit de se proclamer « avant-garde », de prendre un rôle de direction par rapport au mouvement qu’il avait suscité, de traduire les aspirations profondes en victoires partielles ou de canaliser l’énergie contestataire dans de nouveaux systèmes de valeurs. C’est là l’envers de cette utopie si féconde.

[7].  Ouvrage collectif, Préface de Simone de Beauvoir, Chroniques d’une imposture , Du Mouvement de libération des femmes à une marque commerciale, Ed. Association du Mouvement pour les luttes féministes, 1981.

[8]. Parmi les réformes les plus importante de la législation, on peut citer les lois de 1970 et 1972 sur la filiation et l’autorité parentale (égalité des parents dans la famille légitime, primauté de la mère naturelle), 1975 : Loi Veil sur l’interruption volontaire de grossesse (définitivement adoptée en 1979), 1976 : Réforme du divorce, Nouvelle loi sur le viol, 1983 Loi Roudy sur l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, 1985 Réformes du Code Civil (dite égalité parfaite, permettant notamment l’usage du nom maternel).

[9]. L’idéal d’égalité entre les sexes et de relative autonomie entre eux correspond tout particulièrement au mode de vie des nouvelles classes moyennes salariées : les femmes travaillent, le mariage perd de son importance économique avec le remplacement du capital économique par le capital-diplôme plus personnel, enfin la maîtrise de la fécondité leur permet de mener de front carrière professionnelle et carrière maternelle. (Cf Nadine Lefaucheur, « De la diffusion (et) des nouveaux modèles familiaux », in Recherches économiques et sociales, N2, 1982). Sur le rôle des féministes dans l’évolution des valeurs : Françoise Picq, « Stratégie de sexe ou destin de classe ? », Crises de la société, féminisme et changement, G.E.F. Paris VII, Revue d’en face, Editions Tierce 1991.

[10]. On peut trouver une liste des lieux, groupes et activités féministes et des contacts à la Maison des femmes (8 cité Prost, 75011 Paris) ou dans l' »Annuaire » des ARCL/1991 (BP 362, 75726 Paris cedex 11), 62 p. On peut aussi trouver à la Bibliothèque Marguerite Durand ou dans le Bulletin de l’Association nationale des études féministes (ANEF : « Etudes féministes », 9 bis rue de Valence 75005 Paris) des listes de réunions, colloques, publications…

[11]. Comme le dit Michèle Sarde, « l’espace français est un espace mixte où femmes et hommes se sont cotoyés, combattus et aimés depuis la nuit des temps » (Regard sur les Françaises, (X-XX siècle), Stock, 1985)

 

[12]. Carol Hanisch, « Problèmes actuels : éveil de la conscience féminine. Le « personnel » est aussi « politique » », Partisans, Libération des femmes année zéro, juillet octobre 1970, p. 54. Françoise Picq, « Le personnel est aussi politique »  in Le Mouvement de libération des femmes et ses effets sociaux, Rapport de recherche, ATP CNRS, 1987.(p.134 à 151) (Bibliothèque Marguerite Durand).