Entre théorie et pratique : Simone De Beauvoir et la « querelle du féminisme »

Conférence « De nouveaux horizons sur le genre », 8 Mars 2008, Tokyo.

Simone de Beauvoir aurait eu cent ans cette année. Et c’est pour fêter cet anniversaire que nous sommes réuni/es aujourd’hui, (dans la semaine du) 8 mars qui est devenu journée internationale des femmes. Le jour de l’année où les problèmes des femmes sont posés, souvent pour mieux être oubliés le reste de l’année. Mais au moins profitons de ce jour (moment) là.

Simone de Beauvoir est morte il y a plus de vingt ans, mais son héritage est toujours nécessaire au féminisme. Elle a ouvert  « de nouveaux horizons sur le genre ».

Je vais donc revenir sur l’apport de Simone de Beauvoir au féminisme. Son apport théorique d’abord et puis sa participation pratique au mouvement de libération des femmes, notamment en France. Et puis j’évoquerai son influence et j’essaierai de poser certaines contradictions actuelles du féminisme à la lumière qu’elle a apportée.

La querelle du féminisme

On connait bien le rôle éminent de Simone de Beauvoir dans l’histoire du féminisme. Pourtant elle n’était pas féministe quand elle a écrit le Deuxième sexe : « La querelle du féminisme a fait couler assez d’encre, à présent elle est à peu près close : n’en parlons plus ».

Elle voyant le féminisme était vu comme une querelle entre les femmes et les hommes, qui ne menait à rien. D’un côté les hommes qui sont juges et parties : c’est « l’arrogance masculine » dit-elle a rendu la « question des femmes » si oiseuse ; de l’autre côté il y a les femmes, qui sont aussi juges et parties : le souci polémique ôte toute valeur aux arguments féministes dit-elle : « quand on se querelle, on ne raisonne plus bien » (p.28).

Elle-même voulait se situer en dehors du clan des hommes, comme de celui des femmes. Elle se voyait plutôt comme un individu que comme que membre d’un ensemble. On alors d’un ensemble plus restreint, celui des « Beaucoup de femmes d’aujourd’hui » qui ont « eu la chance de se voir restituer tous les privilèges de l’être humain » et qui donc «peuvent s’offrir le luxe de l’impartialité ».

L’impartialité, voilà à quoi elle prétend.

Elle se situe en dehors de l’histoire des luttes de femmes. Et même elle nie que le féminisme ait jamais constitué un mouvement autonome :  « toute l’histoire des femmes a été faite par les hommes », dit-elle.

Comment comprendre cette position ? Deux raisons à cela :

C’est d’une part qu’elle espérait pouvoir tourner la page de cette « querelle » entre les femmes et les hommes.

C’est d’autre part que, comme beaucoup d’intellectuels de l’époque, elle mettait ses espoirs dans la révolution socialiste.

Elle espérait pouvoir échapper à la « querelle du féminisme », parce que le combat n’était plus nécessaire : « En gros nous avons gagné la partie.  Nous ne sommes plus comme nos aînées des combattantes ». 

En effet, en 1949, aux lendemains de la Libération, on pouvait considérer les revendications principales du premier mouvement féministe comme acquises.

-Le Code civil avait été révisé, et les femmes avaient obtenu le droit de vote en 1944 : « Les femmes sont électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes ».

-Préambule de la Constitution de 1946 avait posé ce principe « particulièrement nécessaire à notre temps » : « La loi garantit à la femme, dans tous les domaines, des droits égaux à ceux de l’homme ».

Elle pouvait constater « Le code français ne range plus l’obéissance au nombre des devoirs de l’épouse et chaque citoyenne est devenue une électrice ».

Cela étant acquis, elle rejoignait l’analyse marxiste pour dire que  « ces libertés civiques demeurent abstraites quand elles ne s’accompagnent pas d’une autonomie économique ».

Encore le droit de vote et le travail ne sont-ils pas suffisant « Le travail aujourd’hui n’est pas la liberté. C’est seulement dans un monde socialiste que la femme en accédant à l’un s’assurerait l’autre ».

Elle attendait l’émancipation des femmes de la révolution socialiste. Et elle reprenait à son compte l’analyse marxiste des classes sociales concernant les femmes : « Bourgeoises elles sont solidaires des bourgeois et non des femmes prolétaires ; blanches des hommes blancs et non des femmes noires »,  « les femmes ne sont pas solidaires en tant que sexe : elles sont d’abord liées à leur classe. Les intérêts des bourgeoises et ceux des femmes prolétaires ne se recoupent pas ».

Elle ne partageait pas la vision féministe pour laquelle les femmes ont des intérêts communs malgré les différences sociales et doivent être solidaires entre elles, malgré la division des classes.

 

Le Deuxième sexe, une nouvelle théorie pour une deuxième vague du féminisme

Donc le Deuxième sexe ne se voulait pas une œuvre féministe. Il se situait par delà le féminisme. En réalité il marquait la fin d’une étape et forgeait les instruments pour une nouvelle étape.

L’apport du Deuxième sexe au féminisme est d’abord théorique :

Le  Deuxième sexe renouvelle la  théorie féministe de plusieurs façons. Il pose de façon tout à fait nouvelle les questions de la liberté et de l’identité des femmes, mais aussi de l’égalité.

 On ne naît pas femme : on le devient. Aucun destin biologique, psychique, économique ne définit la figure que revêt au sein de la société la femelle humaine (tome 1,  p.285). C’est la phrase la plus connue, la + souvent citée du livre. Mais pas forcément toujours bien comprise, surtout qu’on ne cite généralement que la première partie et qu’on la sort de l’ensemble du livre.

On ne nait pas femme, on le devient : c’est-à-dire que ce n’est pas la nature qui fait la femme : Une femme n’est définie « ni par ses hormones ni par de mystérieux instincts » ; c’est ce qui lui arrive : son éducation, son histoire,  mais aussi le regard portée sur elle « la manière dont elle ressaisit, à travers les consciences étrangères, son corps et son rapport au monde » (tome 2, p. 495). C’est principalement le regard de l’homme qui la définit, parce que l’homme se pense comme sujet et qu’il la constitue elle comme Autre. De son côté la femme se détermine et se différencie par rapport à lui,  comme l’inessentiel en face de l’essentiel: « Il est le Sujet, il est l’Absolu : elle est l’Autre ».

Il n’y a pas de « nature féminine », il n’y a pas non plus de destin qui serait imposé par la biologie. « La femme est comme l’homme un être humain ». Et comme l’homme elle doit se constituer en sujet : « Tout sujet  se pose concrètement à travers des projets comme une transcendance, il n’accomplit sa liberté que par son perpétuel dépassement par d’autres libertés »

Pas de destin biologique : ce n’est pas la maternité qui définit la femme. Ce n’est pas non plus dans la maternité qu’elle peut trouver sa raison d’être : « engendrer, allaiter ne sont pas des activités, ce sont des fonctions naturelles ; aucun projet n’y est engagé ; c’est pourquoi la femme n’y trouve pas le motif d’une affirmation hautaine de son existence ; elle subit passivement son destin biologique » (tome 1, p.83).

Ce n’est pas la maternité en soi que rejette Simone de Beauvoir, contrairement à ce qui lui est souvent reproché. C’est « l’idéologie qui incite toutes les femmes à devenir mères, et les conditions dans lesquelles elles doivent l’être ». Elle-même a choisi de ne pas faire d’enfant, mais de faire des livres. Sans doute était-il difficile de faire les deux à ce moment-là ? Sans doute cela était-il difficilement compatible avec le mode de vie qu’elle avait choisi. Sans doute n’en a-t-elle pas eu de désir fort. Mais je peux témoigner que plus tard qu’elle se réjouissait, qu’il soit devenu possible de faire les deux en même temps.

D’ailleurs si elle voit la maternité comme une contrainte qui s’oppose souvent à la liberté de la femme, c’est essentiellement parce que celle-ci est subie. C’est pourquoi le chapitre sur « la mère » s’ouvre sur un long plaidoyer  pour le « birth-control » et l’avortement légal, qui « permettraient à la femme d’assumer librement ses maternités (…) Grossesse et maternité seront vécues de manière très différente selon qu’elles se déroulent dans la révolte, dans la résignation, dans la satisfaction, dans l’enthousiasme ». On le voit, le Deuxième sexe annonçait ce qui sera le nouveau combat féministe et ce qui sera pour les femmes la révolution de la maternité choisie.

Sur la question de l’égalité : Le féminisme a toujours proclamé l’égalité des femmes et des hommes. C’est surtout vrai en France, depuis la Révolution de 1789 parce que cette révolution a posé un principe : « Tous les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit », et qu’elle a exclu les femmes de cet universalisme.

Mais Simone de Beauvoir pose la question tout autrement.

« Quand un individu ou un groupe d’individus est  maintenu en situation d’infériorité, le fait est qu’il est inférieur, dit-elle.

Cela ne signifie pas, bien sûr qu’elle considère les femmes comme inférieures aux hommes en valeur : être c’est être devenu, c’est avoir été fait tel qu’on se manifeste ; oui les femmes dans l’ensemble sont aujourd’hui inférieures aux hommes, c’est à dire que leur situation leur ouvre de moindres possibilités : le problème est de savoir si cet état de choses doit se perpétuer ». (Tome 1, p.27)

Elle commence par prendre acte de l’inégalité de fait, une inégalité créée par la situation faite aux femmes. Et c’est à partir de là qu’elle peut poser la nécessité de changer cette réalité.

 

De la théorie à la pratique : le mouvement féministe en France

Quelle a été l’influence du Deuxième sexe  sur le mouvement féministe des années 1970.

Il y a d’abord ce socle : « On ne nait pas femme, on le devient » : il n’y a pas de « nature féminine », pas « d’éternel féminin », pas de destin biologique. La femme est d’abord un être humain, qui doit se construire comme Sujet dans la liberté. On peut être femme sans être mère. Et la femme ne se réduit pas à la mère. On peut choisir d’avoir des enfants, comme on peut choisir de ne pas en avoir.

Et de toutes  façons, on ne doit pas se laisser enfermer dans la « condition féminine », le mariage, la maternité, le foyer.

Le premier mouvement féministe avait revendiqué pour les femmes « les mêmes droits » que ceux des hommes, et l’accès à la sphère publique. Celui-ci est parti de l’idée que  l’égalité des droits ne suffit pas. Pour exister comme individu autonome, il faut l’indépendance économique.

Mais surtout pour décider de sa vie, pour exister comme individu, il faut être maîtresse de son corps. Avoir un (ou des) enfants si on le veut, quand on le décide, dans les conditions qu’on veut. La liberté de l’avortement et de la contraception c’est ce qui permet d’exister autrement que comme mère. C’est aussi ce qui permet de changer ses rapports avec les hommes.

Donc le mouvement féministe se retrouve tout à fait dans Le Deuxième sexe.

Il y a pourtant une différence essentielle entre la position de Simone de Beauvoir et celle des jeunes féministes qui se sont mises en mouvement après Mai 68. C’est que pour celles-ci la révolte est une démarche collective.

Le Mouvement de Libération des femmes est le résultat de la rencontre entre deux démarches : chez S de B il puise la conscience de l’inégalité sociale entre les sexes, de la définition des femmes comme « Autre ». Du mouvement de Mai 68 ; il a appris la lutte collective, la volonté de « changer la vie ». Il en a aussi adopté le style, spectaculaire et provocateur, joyeux, insolent.

Pour Simone de Beauvoir, « La libération » était un choix individuel. Elle voulait vivre libre, comme un individu, c’est à dire comme un homme.  Alors elle a choisi d’échapper à la « condition féminine » (mariage, maternité, foyer). « C’est en s’assimilant à eux qu’elle s’affranchira ». Comme beaucoup d’autres femmes -intellectuelles ou militantes- avant le Mouvement, elle avait rejeté pour elle-même images et rôles féminins. Elle se distinguait comme individu de la catégorie des femmes, et elle s’identifiait aux femmes. Et elle partageait en partie le mépris des hommes pour cette catégorie : les femmes. Peut-être n’y avait- il pas d’autre voie, individuellement que d’échapper à la condition féminine et à la catégorie de l’Autre

Mais avec la lutte collective tout pouvait changer. On pouvait se reconnaître femme parmi les femmes. Il n’était plus nécessaire de s’identifier aux hommes pour s’émanciper, on pouvait contester les stéréotypes.

Le mouvement des femmes pouvait à la fois dénoncer le conditionnement social, et revaloriser le féminin. Refuser l’image traditionnelle de la « féminité », d’une « nature » fabriquée par la société patriarcale pour justifier l’asservissement et en même temps on refusait que le modèle masculin soit la seule représentation de l’humain. Il permettait de se forger un destin exaltant où la libération individuelle coïncidait avec le combat commun pour changer la vie. L’objectif était l’abolition du patriarcat et cela incluait la fin de la division sociale des rôles.

On se battait pour la libre disposition de son corps, pour le droit à l’avortement et à la contraception et cela changeait le rapport à la maternité. Faire un enfant ne serait plus une « fonction sociale où aucun projet n’est engagé » ; mais un choix : « Un enfant quand je veux,  si je veux  ».

Alors les féministes pouvaient dire « Nous les femmes » et mettre en avant les intérêts communs entre les femmes par-dessus la division des classes.

On comprend que Simone de Beauvoir ait été touchée par ce mouvement féministe, si différent de ceux qu’elle avait dédaignés du temps du Deuxième sexe ; et si proche de ce qu’elle avait imaginé comme le chemin « Vers la libération ».

Alors Simone de Beauvoir est devenue féministe, sans hésiter, sans réticence. « Il faut donc que les femmes prennent leur sort en main ».a-t-elle dit, qu’elles « passent à l’action collective », et ne subordonnent pas leur lutte à la lutte des classes :

Elle a apporté son soutien chaque fois qu’il était demandé, elle a mis sa notoriété et ses relations au service du mouvement de libération des femmes sans jamais prétendre y exercer une quelconque direction. C’est d’abord à l’occasion du Manifeste des 343 femmes, publié dans le Nouvel Observateur en avril 1971, que des militantes féministes ont contacté Simone de Beauvoir. S de B a trouvé excellente l’idée de déclarer publiquement qu’elles avaient violé la loi interdisant l’avortement. Elle  a signé le manifeste et elle a aidé à récolter des signatures de personnalités du monde littéraire et artistique. Le Manifeste des 343 a été le coup d’envoi de la campagne pour la liberté de l’avortement et de la contraception. Et Simone de Beauvoir a été partie prenante de cette campagne à toutes ses étapes : Elle a manifesté de la place de la Bastille à celle de la Nation. Elle a témoigné au procès de Bobigny, qui a été si important dans la remise en cause de la loi interdisant l’avortement. Elle a vendu des interviews pour financer des actions du MLF, elle a assisté d’un bout à l’autre aux Journées de la Mutualité en mai 1972.

Elle s’est plus particulièrement engagée dans plusieurs initiatives :

Il y a eu d’abord la Ligue des droits des femmes, qui a été créée le 8 mars 1974 par Anne Zélinski, dont elle a accepté la présidence. C’est la première association, issue du MLF qui s’est fixé un objectif précis, une réforme qu’elle pensait accessible dans un avenir proche : obtenir le vote d’une loi contre le sexisme, sur le modèle de la  loi contre le racisme.

Il y a eu la place permanente qu’elle a offerte dans les Temps Modernes à  un groupe de féministes, (dont Liliane Kandel, Cathy Bernheim…). L’équipe du « sexisme ordinaire »  ne revendiquer un outil légal pour combattre le sexisme, comme la Ligue des droits des femmes. Il préférait dénoncer le sexisme avec perspicacité et humour. S de B appréciait le dialogue intellectuel et la liberté de ton de ce petit groupe. Elle acceptait que ses schémas de pensée rationnels soient perturbés et aussi de se remettre elle-même en question « moi-même, j’ai plus ou moins joué un rôle de femme-alibi ». Elle a aussi permis à l’équipe du Sexisme ordinaire, et à d’autres groupes du mouvement de faire des dossiers et numéros spéciaux des Temps Modernes « Les femmes s’entêtent », avril mai 1974 ; « Petites filles en éducation » (mai 1976) ; « Est-ce ainsi que les hommes jugent ? », février 1979. Lorsque Jean-Paul Sartre a été invité à construire une série d’émissions de télévision « J.P. Sartre,  témoin de ce siècle », Simone de Beauvoir les a associées à ce projet.

Et puis il y a eu Questions féministes, une revue théorique féministe radicale, fondée en 1977 par Christine Delphy, Nicole Claude Mathieu…puis rejointe par Monique Wittig.  Simone de Beauvoir a été Directrice de publication de la Revue. Ce qui ne veut pas forcément dire qu’elle partageait totalement la ligne politique définie par la revue.

Simone de Beauvoir ne prenait pas parti dans les conflits du Mouvement. Mais quand certaines ont déposé à la Préfecture de police une association du nom de « Mouvement de Libération des femmes-MLF » puis une marque commerciale de ce nom à l’Institut National de la Propriété Industrielle…, c’était une trahison insupportable de la confiance entre les femmes qui était la règle dans le Mouvement. Alors  S de B a soutenu de sa notoriété celles qui ont dénoncé l’imposture[1], en signant la préface de Chroniques d’une imposture, Du Mouvement de libération des femmes à une marque commerciale. Elle s’y indignait : « Réduire au silence des milliers de femmes en prétendant parler à leur place, c’est exercer une révoltante tyrannie[2] »

Elle s’était engagée, aux côtés de Sartre, dans tous les conflits géopolitiques où la liberté et la dignité humaine étaient en jeu. Elle se sentait particulièrement concernée quand il s’agissait de femmes. C’est ainsi que lorsque les féministes iraniennes ont protesté contre l’obligation faite par le nouveau pouvoir islamique de  porter le voile ; elle a accepté la présidence du Comité international du droit des femmes, qui a envoyé à Téhéran  le 19 mars 1979 une délégation de personnalités féminines, journalistes, écrivains, artistes « Nous devons dénoncer les scandales sans nous laisser intimider par le fait que nous sommes occidentales,. disait-elle. Il y a des intérêts féminins, féministes, qui dépassent toutes les différences de nations, de régimes [3]».

Conclusion

 Le résultat de cette vague féministe c’est une véritable mutation de l’identité féminine. Telle qu’on peut se demander si cela ne rend pas obsolète beaucoup des analyses du  Deuxième sexe. « La femme » telle que Simone de Beauvoir en s’appuyant sur toutes sortes d’études contemporaines ou de romans appartient en grande partie au passé. Les jeunes lectrices d’aujourd’hui éprouvent-elles le même choc libératoire que tant de femmes de la génération précédente ?

Le Deuxième sexe  a renouvelé radicalement le féminisme par sa portée philosophique, sa volonté de remonter aux racines de l’oppression.  Il a été aux les fondements de l’analyse féministe du genre comme construction sociale de la différente des sexes.

Il est aussi au point de départ des politiques publiques qui veulent construction l’égalité entre les femmes et les hommes. Comme S de B elles commencent par constater les inégalités, en considérant qu’elles résultent de conditions sociales et qu’il faut changer cet état de choses. L’égalité n’est plus un principe à affirmer, c’est un objectif à atteindre.

[1] Pour avoir signé, avec 11 maisons d’édition féministes de quatre continents un texte dénonçant ces pratiques, les Editions Tierce ont été assignées pour « concurrence déloyale » devant le tribunal de commerce. Voir Les années mouvement, p. 297 sqs.

[2] Association du Mouvement pour les luttes féministes, Chroniques d’une imposture, Du Mouvement de libération des femmes à une marque commerciale, préface de Simone de Beauvoir, 1981.

[3] La Revue d’en face, n°9/10