Conférence, rencontre-débat Féminisme et politique, organisée par les 40 ans du MLF et les Féministes en Mouvement, Août 2012, Centre Hubertine-Auclert. Voir le tract.
Q d’aujourd’hui (perspective victoire gauche, comment faire que féminisme ait du poids ?)
-réfléchir à partir d’une expérience –vécue par certaines- 81 : élection Mitterrand, gouv socialiste, Ministère DF. -Bien des différences dans contexte, état du féminisme ;
-Association des 40 ans du MLF, fonction de transmission d’une expérience (pas comme quelque chose de fermé, ou comme modèle, mais comme élément de réflexion).
En 1981, une tentative à laquelle nous sommes un certain nombre ici à avoir participé.
-Comprendre le sens politique de cette tentative
-Comprendre les raisons de son échec et les conséquences de cet échec
-Mais tout de même voir la suite de cet épisode.
Entre mémoire et histoire :
-Une histoire qui n’a pas été faite. Des souvenirs vagues, qu’on se remémore en les échangeant, et qu’on met à l’épreuve des documents d’époque. (textes (tract d’appel à colloque), notes de réu, listes de noms + articles écrits à ce moment-là : Pénélope « Quelques étapes dans la création des associations féministes », La Revue d’en face, n°11 « Mouvement et institutions », moi « Sauve qui peut le MLF », M-Jo Dhavernas « Une seule solution autre chose ».
- Fémipol : le projet.
Impulser une fédération des différents groupes du mouvement des femmes, pour le rendre visible ; Etre une force face à un nouveau pouvoir (que nous avions contribué à faire élire, sans le proclamer : sauf Psychépo, Choisir, le Planning, la Ligue des Droits des femmes).
Ce projet avait deux implications :
–changement de positionnement politique : MLF jusque là situé dans une perspective révolutionnaire (Mai 68). Il fallait prendre acte qu’on n’était plus dans le moment de la révolution, mais dans celui de la république, se situer dans une perspective social-démocrate. Dans un processus progressif et revendicatif, d’amélioration de la « Condition des femmes » (FR T5 « Pas d’amélioration des conditions de détention, mais tout chambarder »).
–Remettre en question le fonctionnement informel (qui était l’essence du MLF ; mais avait conduit à l’imposture du dépôt du sigle). Du spontanéisme à structuration : recenser les groupes, les collectifs et activités, faire circuler l’information. Les réunir dans une structure qui les représente dans leur diversité, d’où puisse émaner des positions communes.
L’initiative : des femmes du collectif de la Marche du 6 octobre 1979 (dernière manif pour soutenir le vote de la Loi IVG définitive). 40.000 femmes, la victoire du Mouvement.
Dès avant la victoire de la gauche, invitent femmes à se rencontrer pour envisager « la possibilité de faire émerger publiquement le mouvement de libération des femmes ».
10 Décembre 80, 72 femmes « représentatives d’activités, de groupes, d’organisations diverses, investies dans des activités collectives (liste jointe). On y trouve des féministes de la première heure, des personnalités (avocates, journalistes, intellectuelles, cinéastes, éditrices, comités de rédaction des revues du mouvement : Parole, QF, REF, H d’Elles, + des femmes du PS et du PCF). « MLF non déposé ». Un groupe qui puisse impulser une démarche collective. -Exclues : Psychépo (après le dépôt du sigle). Mais aussi toutes les anonymes.
Réaction rapide : 10 Mai 81, victoire F. Mitterrand, perspective victoire de la gauche aux législatives. Organisation d’un Colloque, à la Mutu, le 9 juin « Du pain et des roses, du socialisme pour les cuisinières ? Des cuisinières pour le socialisme ? ». Création de l’association Féminisme et politique. Convocation d’une AG du mouvement (par les répondeuses). 3 AG successives.
- L’échec :
Deux positions s’affrontent dans les AG :
- Trouver avec ce nouveau pouvoir un autre mode de relations que l’opposition irréductible.
- S’engager dans la voie du réformisme. Dialoguer avec le gouvernement. Mener une double stratégie (contestation et participation)
- Rester mobilisées pour rappeler au gouvernement ses promesses
- Influer sur la législation
Arguments contre :
-Ce serait une compromission, « se mettre à la remorque du PS », « Aller à la soupe ». « Nous sommes toujours dans l’opposition ».
En fait deux raisons se cumulent :
–Radicalisme : Opposition à démarche réformiste, à la collaboration avec le nouveau pouvoir (« nous sommes toujours dans l’opposition ».
–Anti-élitisme : Méfiance à l’égard de celles qui sont à l’initiative (intellectuelles, avocates, journalistes, universitaires).
III Conséquences : impossibilité de constituer un mouvement collectif : occasion manquée
–Cooptation d’individues par le gouvernement. S.Iff au Cabinet d’Y.Roudy, M.Storti pour gérer com Ministère. L.Kandel, C.Bernheim participeront au Rapport « Les femmes en France dans une société d’inégalités », Françoise Pasquier, Anne Zélinsky.
-Sans caution du mouvement, sans retour au mouvement.
–Institutionnalisation impulsée par Ministère : faites des associations, des projets, vous aurez des subventions.
-Effervescence d’initiatives diverses, dopées par les subventions : (CA SdeB, Agence F.Info, Asso F. journalistes, Festival I Films femmes, Répondeuses, Maison des femmes (échos ds page Libé jeudi). Maison des femmes.
Initiatives d’envergure
-Coordination nationale des groupes femmes : Assises nationales sur le Travail des femmes et les femmes dans le travail. Invitent les syndicats, cherchent à se poser comme interlocuteur. Y.Roudy promet de les considérer comme des « partenaires sociaux » dans l’élaboration de sa loi sur l’égalité professionnelle (ne pourra pas tenir cette promesse face aux syndicats).
–Colloque national femmes, féminisme recherche (Toulouse décembre 1982).
Comprend une démarche de structuration du milieu de la recherche féministe, pour le représenter. Dans le domaine particulier de la recherche féministe, c’est le même projet que celui de Fémipol. « faire émerger les études féministes, les faire admettre, reconnaître par les institutions. En même temps susciter un mouvement collectif « prolongement et renouveau du mouvement des femmes des années 70 ». Ass régionales, puis ANEF ont réussi dans une certaine mesure à rassembler et représenter.